
Pourtant là bas le cinéma c’était une institution. A une époque où il n’y avait ni télévision, ni DVD , ni internet c’était un loisir populaire. Des cinémas de quartier il y en avait partout. Des bâtiments construits par les colons dans les années 30, souvent dans le style art-déco : Westerns, films indiens, cinéma muet.. au fond peu importait le film, le cinéma, on y allait par plaisir, pour l’ambiance, pour les deux heures d’évasion et de rêve. Souvent les salles étaient polyvalentes et servaient aussi de théâtre. Ces salles mythiques, véritable patrimoine architectural, disparaissent une à une, victimes de l’avidité des promoteurs, de la vétusté des équipements, des problèmes de distribution et surtout de la désaffection du public, mais non de son désintérêt : on préfère acheter les DVD piratés. Un film qui sort le mercredi est vendu dès le samedi dans la rue en toute illégalité.

A Alger, les salles Nedjma, L’Odéon et Le Variété tombent en ruine. Même spectacle désolant à Blida où les salles Ourida, El Feth et autres sont abandonnées, réduisant ces villes à un désert culturel. Même constat pour Annaba ou Constantine où il n’existe pas de salles de cinéma aux normes connues. Il reste une vingtaine de salles de cinémas pour 30 millions d’habitants.Il y en avait plus de 400 à l’indépendance.

En 2012 il restait 16 salles sur tout le pays en Tunisie. L’Association Tunisienne d’Action pour le Cinéma (ATAC) a tenté une action originale en invitant les citoyens à se prendre en photo à l’intérieur ou à l’extérieur d’une salle de cinéma de leur choix. Exposées dans la rue et dans différentes régions de la Tunisie, ces photos tirées en grand format ont été accrochées sur les façades des salles de cinéma ou aux alentours. L’objectif était de traduire par l’image le lien entre le citoyen et la salle de cinéma, de sensibiliser à la préservation et à la réhabilitation de ces espaces dans le paysage culturel afin de leur permettre de retrouver leur place d’antan, et de faire renaître l‘intérêt pour le Grand Écran.

Au Maroc il ne reste plus qu’une quarantaine de salles. Et la mobilisation pour les sauver est très importante. Ainsi on compte pas moins de 60 festivals qui essayent de promouvoir la culture cinématographique et de débattre des grands problèmes qui freinent son essor, comme les problèmes de distribution et bien sûr la disparition des salles
Le 17 avril 2015 dans le cadre du mois du Patrimoine au Maroc (18 avril-18 mai) auront lieu à Casablanca des Assises sur l’avenir des cinémas à l’abandon de la ville de Casablanca, Une rencontre organisée par le ministère de la Culture et l’association « Save cinémas in Morocco ».Tarik Moumim, président fondateur de cette association née en 2007, attend de ces Assises l’établissement d’un véritable plan de sauvetage de ces lieux d’histoire et de culture en péril. Un exemple que nous ne prenons pas au hasard puisque nous travaillons d’arrache-pied sur un projet concernant l’architecture de la ville de Meknès . Regardez à ce propos la rubrique « wiki » sur ce même site! Le problème des cinémas en déperdition est si important que l’Institut français y consacre toute son énergie. Quelques éléments de réflexion.



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Diwan-Centre qui organise pour la cinquième année consécutive un festival des Cinémas de la Méditerranée avec le Cinéma des Carmes et les associations partenaires ne peut que s’associer à ce combat, initié d’ailleurs dès la première édition du festival en 2011 avec l’exposition des photos de Benoît le Roux « Ciné Maroc » que vous trouverez sur son site. 1
Ces photos magnifiques d’un cinéma de Tanger qui n’était plus que l’ombre de lui même qui sont plus que jamais d’une actualité brûlante.